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Iredey Blog Emergence

CHABI KAO dévoile les dessous du push du 26 Octobre 1972

CHABI KAO  : Moi Ministre des Finances du Conseil Présidentiel 1970 - 1972 raconte :

Comment la guerre civile a été évitée entre les Nordistes et les Sudistes du Bénin

 

Première  Partie

« Je suis heureux aujourd’hui, et c’est à vous que je confie cela. Parce que quand quelqu’un dit l’affaire covacs, si je lui demande qu’est-ce qu’il entend par l’affaire Covacs, personne ne peut répondre. Si quelqu’un peut me dire c’est quoi l’affaire Covacs je serai heureux. Personne ! Mais tout le monde en parle. C’est le loup garou. Tout le monde parle du loup garou, on ne l’a jamais vu. Il sera difficile aux gens de pouvoir parler avec précision de ce qu’ils ne savent pas. Au lieu d’aller aux sources, ils forgent, ils affabulent pour jouer aux plus importants, aux plus malins et tout. On les regarde faire et on suit.  

Je vous avoue solennellement ce soir, qu’il n’y a pas eu «d’affaires Covacs» avec moi Chabi Kao. Il y a eu le «dossier Covacs» qui est un montage politique que nous avons mis en place pour renverser le Président Ahomadégbé, parce que nous étions à deux doigts d’une guerre civile entre le Nord et le Sud. Je le révèle aujourd’hui, vous pouvez demander aux collaborateurs d’Ahomadégbé qui sont encore là. Cette affaire-là, je l’ai montée avec Kérékou et Baba Moussa, paix à son âme, qui est décédé. Même le Président Maga ignorait ça. Nous l’avons monté, c’était pour éviter que le sang coule une fois encore. S’il n’y avait pas eu ce montage du dossier Covacs, le montage politique d’un dossier qui existe réellement, dont je vais vous parler, s’il n’y avait pas eu ça, le sang aurait coulé entre le Nord et le Sud. Pourquoi ?

Quand le tour du Président Ahomadégbé approchait, qu’il devait prendre le pouvoir, les services de renseignement ont dit partout qu’ils ont des raisons de croire que le Président Ahomadégbé s’il prend le pouvoir, il y aura coup d’Etat. De faire en sorte que le Président Ahomadégbé renonce à son tour. Ou bien il dit  à Maga de continuer ou bien il arrête et puis on revient aux élections normales mais il ne faut pas qu’il prenne son tour. Les gens ont essayé de le contacter, plusieurs pays; je ne vais citer aucun pays; plusieurs pays ont essayé de le contacter soit directement, soit par délégation interposée, où on lui a dit de sources sures, « tu n’iras pas loin, renonce au pouvoir. Si c’est de l’argent que ça rapporte, nous sommes prêts à te donner cet argent-là pour que tu renonces ».

Ahomadégbé a refusé. Toute son équipe a refusé parce qu’ils ont dit que les fils des autres  régions ont porté le «grand collier», et qu’il faut aussi qu’un Houégbadjavi d’Abomey porte aussi ce grand collier même s’il doit mourir trois jours après. Et c’est ainsi donc que Ahomadégbé a refusé de renoncer à son tour, ce qui est normal. Mais il s’est fait que entre Ahomadégbé et Kouandété, il y avait eu une menace de mort. Quand il restait deux ou trois mois pour que Ahomadégbé prenne son tour, j’arrivais au palais de la République où Maga était Président, quand dans les escaliers, Ahomadégbé et Kouandété se sont saisis aux collets. J’arrivais en ce moment. Et tout le monde est venu les séparer. C’est ainsi que je les entendais dire, Kouandété dit « moi vivant, tu ne prendras pas ton tour, si tu prends ton tour de Président, je vais te tuer ». Et Ahomadégbé de répondre : «  je prendrai mon tour et c’est moi qui vais te tuer». Voilà les menaces qu’ils se sont proférées. Automatiquement, on en a parlé au Président Maga qui a appelé Ahomadégbé. Celui-ci a dit au président Maga de demander à Kouandété de retirer ses mots, sinon, il sera sanctionné. Kouandété réplique que lui ne retire rien de ce qu’il a dit. Maga a dit « dans ce cas-là, on sera obligé de te sanctionner ». Kouandété a dit qu’il est prêt à toutes les sanctions. Mais il martèle que si Ahomadégbé prend son tour, il va le tuer, lui Kouandété.

Il y avait en effet, quelque chose qui les opposait il y a longtemps. Je ne vais pas rentrer dans ce détail. Donc, j’ai assisté à cette scène-là. Maga a fait tout pour les réconcilier mais en vain. On s’est tu et l’affaire semblait s’être calmée. Il restait un mois ou un mois et démi pour que Maga passe la main à Ahomadégbé. Kouandété ayant appris que Ahomadégbé a refusé toutes les avances qui lui ont été faites de renoncer à son tour s’est dit : « si je laisse Ahomadégbé prendre, ça ! Il m’aura ». Et Kouandété a fait une tentative de coup d’Etat. Il a pris tout le camp militaire de Cotonou en otage. Le Gouvernement lui a intimé l’ordre de cesser immédiatement, mais chaque fois que nous envoyons quelqu’un représenter le Gouvernement, on le prend, on l’enferme là. Les officiers, tous étaient enfermés. Kérékou qui était le Chef d’Etat Major Adjoint est allé plusieurs fois, mais on ne lui a pas permis d’approcher le camp pour aller discuter. On lui dit tout le temps, « halte là ! », et on tire des tirs de sommation. Kérékou a dû tout abandonner. Et ça durait plus d’une semaine que le camp militaire de Cotonou a été pris en otage par Kouandété et tous les officiers. Tout ce monde était là, et on ne trouvait pas de solution. On ne trouvait plus personne pour aller négocier. Un soir, on nous a convoqués en conseil extraordinaire des ministres. Nous ne savions pas quel était l’ordre du jour, et c’est dans la salle  qu’on nous a informé que le Chef de l’Etat en exercice, et les deux autres se sont réunis et décidé ce qui suit : « ça fait plus d’une semaine qu’un seul individu est en train de narguer tout un Gouvernement, ce n’est pas possible. Il faut que force reste à la loi. On a donné un ultimatum à Kouandété. On lui a dit que si ce jour d’aujourd’hui, à 21 heures il ne dépose pas les armes, des dispositions sont prises pour qu’on rase le camp militaire. » Et des instructions auraient été données à la gendarmerie de Porto-Novo de Owens, parce que la gendarmerie était très équipée, on lui a dit de faire une marche sur Cotonou. Arrivé à Cotonou on lui dira les consignes, mais nous on nous a informés qu’on va lui demander, avec les engins lourds qu’il a, de tirer, jusqu’à ce que Kouandété se rende. Et donc, les trois présidents ont tenu à nous en informer ce soir-là en conseil des ministres. Alors, on a tous pris peur, moi le premier. Et j’ai dit : « mais, messieurs les Présidents, le camp militaire de Cotonou, c’est en pleine ville ! Il y aura trop de civiles qui vont mourir si on tire à l’aveugle! »  On m’a répondu « mais qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? ». J’ai demandé s’il n’était pas encore possible de négocier. Maga a répondu « ça suffit !». Apithy a dit « ça suffit ! ». C’est Ahomadégbé qui m’a défendu en disant : « le jeune homme a peut-être une idée, laissez-le parler ! C’est ainsi qu’on m’a laissé parler, j’ai dit « bon, donnez moi encore une chance, j’irai voir Kérékou pour voir ce qu’on peut faire. Reculez l’heure de l’attaque.» On m’a autorisé à aller voir Kérékou, mais « si avant 00 heure, Kouandété ne dépose pas les armes, ne nous dis plus rien, on donne le signal et puis le camp sera rasé, tant pis, tant pis ! »

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