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Iredey Blog Emergence

Le bradage des terres africaines :le debat continue sur la toile

26 Juin 2010 , Rédigé par ibe_master Publié dans #Actualités

Samedi 26 Jui 2010

Le bradage des terres africaines: le débat continue sur la toile

Source: Le Faso Net

Le débat sur la location de nos terres à des étrangers à des fins agricoles est déjà lancé. Les uns arguent que l’Afrique n’exploitant que peu de ses superficies exploitables, elle ferait mieux de les louer. D’ailleurs, plus de 30 millions d’hectares sont contrôlés et cultivés en Asie et en Afrique par des intérêts étrangers et ça marche comme il faut. Par contre, d’autres personnes attaquent cette pratique. Pour eux, cela va contribuer à l’aliénation de nos paysans ; des paysans, disent-ils, déjà tourmentés par une ère d’insécurité foncière. Deux sons de cloche.

IL N’Y A PAS DE MAL A LOUER NOS TERRES EN AFRIQUE

Il ne faut pas à tout moment se comporter en réactionnaire ; c’est souvent d’une stupidité retentissante. Dans ce cas précis, il ne s’agit pas d’expropriation de terres comme cela s’est fait lors de l’invasion des terrains des Indiens, hier, en Amérique. Il s’agit d’accords entre parties, d’accords qui laissent deux parties gagnantes et qui les obligent au respect d’un certain nombre de règles. Tenez-vous bien, en Ethiopie, sur des terres d’une superficie de 74 millions d’hectares, seules 11 millions d’hectares étaient exploitées, les 63 autres millions d’hectares étaient laissés là, en jachère. Que de pertes pour le pays !

En décidant de louer une partie des terres, c’est tout le peuple qui en récoltera les bénéfices. Et les paysans sont consentants, eux qui n’ont pas de quoi pour se lancer dans des cultures intensives pourtant nécessaires dans ce monde d’aujourd’hui car la faim est aux portes du monde ! Il faut comprendre que l’époque de la daba et autres outils préhistoriques, c’est du passé, et se lancer sans hésiter dans les nouvelles formes de cultures avec l’aide de tous ceux qui peuvent le faire, y compris les étrangers. Les nouveaux occupants apporteront des capitaux et un savoir-faire aux pays africains, créeront des emplois décents et donneront la possibilité aux paysans d’accéder aux technologies de pointe.

On ne peut que sortir gagnant, pour peu que nous soyons regardants sur tous les accords que nous signons. Etre regardant suppose que nous respections les droits des agriculteurs à l’alimentation et au développement durable. Cela suppose aussi qu’au niveau local, les paysans puissent être associés aux négociations avant toute signature d’accord avec des hommes et femmes de loi à leurs côtés pour éviter qu’on ne les berne. Le fond est donc appréciable, c’est seulement la forme qu’il faut contrôler. Les contrats devront aussi privilégier les besoins de développement des habitants et une partie de récoltes sera vendue sur place. Ça, c’est du précis. Ce sont des revendications de base, qui montreront que nous « savons gagner ». En tous les cas, les principaux bradeurs de l’Afrique, ce ne sont pas les Etats et autres pays riches mais bien les décideurs. Ils ont plus soif des sols et sous-sols de leurs pays que tous les investisseurs étrangers ensemble. Acceptons donc de nous dire la vérité au lieu de nous chatouiller pour rire.

Ces accords sont les bienvenus car nous ne perdrons pas au change. Si nous récapitulons, au niveau économique, l’exploitation de ces terres crée nécessairement une plus-value qui contribue à l’amélioration du Produit Intérieur Brut (PIB). De plus, l’appel à la main d’œuvre locale créera de l’emploi. Il faut aussi penser aux transferts de technologies et de savoir-faire dont le continent bénéficiera manifestement. Dans ce contexte de mondialisation, il est illusoire de croire que nos Etats africains peuvent se développer en vase clos. Le développement de nos jours implique une nécessaire interactivité. C’est pourquoi ce serait une erreur de cracher sur les opportunités qu’offre la location de nos terres ; il suffit de bien contrôler les transactions et tout le monde y gagnera. Le bien connu Lionel Zinsou, patron de « PAI Partners » pense que si la location de terres sont loin d’être la solution miracle pour aider les pays africain, ce serait « très bien d’accueillir des capitaux dans le domaine de l’agriculture » si et uniquement si, on sait « mettre des règles ». Il suffit donc de suivre ce conseil avisé.

LE STADE SUPREME DE L’ALIENATION DU MONDE RURAL

Les paysans africains sont déjà confrontés à de dures situations foncières. Dans les quatre coins du continent, les conflits liés à la terre sont légion. A l’intérieur même des pays, on exproprie sans état d’âme et à vil prix, les terres les plus fertiles de notre bien aimé continent. C’est une nouvelle colonisation ! Il est inadmissible et honteux que les dirigeants de ce continent acceptent une telle aberration. Si nous avons des terres inexploitées par manque de moyens pour le faire, est-ce une raison pour les brader aux intérêts étrangers ? La terre est sacrée, ne l’oublions pas. Et les étrangers, notamment les multinationales, avides de profits, se moquent bien de nos souffrances. Jacques Diouf, patron de la FAO, a raison de dire qu’il s’agit là d’un nouveau « pacte néocolonial », « d’une version privatisée de la course à l’Afrique ».

Les contrats déjà signés en Afrique montrent que l’on bafoue allègrement les droits des petits paysans et que l’on continue à mettre sous coupe réglée le développement de nos pays. Ainsi, au Kenya, les investissements du Qatar sont décriés. A Madagascar, il y a eu une énorme levée de boucliers contre ces investissements étouffants et les gouvernants actuels ont été contraints de revenir sur des décisions, notamment celle de la Corée du Nord qui accordait l’autorisation à Daewoo de cultiver du maïs sur 1.3 millions d’hectares ! L’Arabie saoudite cherche à se procurer 500.000 hectares en Tanzanie ; le gouvernement cambodgien a loué au Qatar et au Koweït des rizières pour 600 millions de dollars alors que la population souffre toujours de la faim et que le Programme alimentaire mondial a dû débloquer une aide de 35 millions de dollars…

Tout cela bien souvent via des transactions non contrôlées. Des organisations sociales ont pu faire le constat qu’à plusieurs reprises, les accords signés entre les firmes/Etat et les pays africains étaient rarement longs de plus de quatre pages. Ils comportent donc très peu de précisions sur les obligations de l’investisseur, notamment en matière d’investissement dans l’infrastructure et dans la gestion durable des ressources naturelles. « L’argent frais » est à nos portes, et nos gouvernants (qui déjà prennent aux pauvres les bonnes terres pour devenir des agrobusinessmen faisant concurrence aux petits agriculteurs) sont, pour la plupart, tentés de céder le surplus sans sourciller par des contrats juteux où on sent les pots-de-vin à mille lieux à la ronde. La Lettre du Continent a titré récemment « Une méga-statue financée en foncier » : il y est expliqué que Me Wade veut financer son Monument de la renaissance africaine par « l’octroi de terres au constructeur nord-coréen ». Il faut tout de suite dire non ; il faut que s’organise une lutte contre tous ces bradages immoraux, au niveau national, régional et continental car c’est une autre forme de domination qui cherche à naître et les conséquences, on les connait.

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